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Le Québec, une société tournée vers elle-même


Hier c’était notre fête nationale, la fête des québécois, la St-Jean-Baptiste.  Je profite de l’occasion pour vous faire part d’une étude assez révélatrice et qui en dit long sur le manque de culture de la société québécoise, de ce manque d’ouverture vers le monde extérieur, vers l’autre, vers le monde en général.  Depuis quelques années je constate une forte attirance chez les québécois à ne s’intéresser qu’à ce qui touche leur petit monde, les nouvelles régionales, les faits divers, la météo, les potins artistiques, bref le québécois moyens aime TVA et les nouvelles en boucle de LCN, les moments d’émotion du 7 jours, les larmes de Claude Charron, les carambolages, les noyades, les disparitions d’enfants,  les histoires de moeurs de nos ministres et surtout sa sainteté le sport.  Tout tourne autour de notre petit nombril, de notre petite province, de notre petite région, notre petit patelin, notre quartier.  On oublie les enjeux importants qui se trament ailleurs dans le monde.    C’est donc avec joie que je suis tombé sur ce sondage de la firme Influence communication, qui va exactement dans le sens de cette réflexion. 

Selon le président d’Influence communication, monsieur Jean-François Dumas, «nous ne vivons pas dans un village global mais dans un village local. Nous sommes la région du monde qui traite le moins d’actualité internationale. Le Canada anglais en parle de trois à quatre fois plus que nous.»  Société narcissique, centrée sur elle-même, la société québécoise ? Certainement.  Alors que le monde tourne, LCN faisait tourner en boucle les moindres faits et gestes de la vie de Julie Couillard, un focus aussi grand sur un fait divers fait en sorte de nous couper du monde extérieur, de nous isoler.  Heureusement qu’internet existe et qu’il est possible de s’alimenter à d’autres sources d’information que celles imposées par nos pauvres médias québécois. 

James Richard Cross et le pâté chinois


Que diriez-vous si Radio-Canada faisait une entrevue en direct avec un représentant des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) question de parler de Clara Rojas, de la bouffe locale qu’on lui servait pour souper, tout cela sur un ton complètement badin, humoristique, admiratif, comme si le terroriste en question, le preneur d’otages, faisait partie de l’histoire, comme si l’interviewer avait devant lui une page d’histoire, un monument, une légende vivante, et que tout ce qui sortait de sa bouche, sans aucune considération pour les victimes, était drôle, la prise d’otage n’étant au fond qu’une simple anecdote historique, qu’un petit fait divers sans importance. 

C’est pourtant l’attitude qu’on adopté Christiane Charette et Nathalie Petrowski lors de l’émission de madame Charette sur la première chaîne de Radio-Canada le 18 janvier dernier.  (cliquez ici pour écouter l’entrevue d’une durée de 11:44).  L’invité n’était nul autre qu’un membre du FLQ (Front de Libération du Québec), première organisation terroriste québécoise à l’origine de l’enlèvement du diplomate britannique James Richard Cross (à l’origine de la crise d’octobre 1970) et de la mort du ministre Pierre Laporte. Jacques Lanctôt qui après avoir eu sa propre maison d’édition pendant plusieurs années écrit maintenant des chroniques dans le Journal de Montréal appartenant, faut-il le rappeller, à l’entreprise Quebecor, ce qui revient à dire que Quebecor embauche d’anciens terroristes, dont une chronique sur le pâté chinois.  En voici d’ailleurs un extrait:

« Il y a longtemps que nous, du FLQ de l’époque, l’avions pressenti, cela dit sans triomphalisme aucun. Et c’est ainsi que nous avions fièrement présenté ce noble plat des humbles travailleurs au délégué commercial britannique James Cross, que nous détenions dans la maison de la rue des Récollets, à Montréal-Nord. Ce plat, mijoté collectivement dans les cuisines de cette même maison, selon une recette de ma mère, certainement la meilleure, avait été offert ainsi au délégué britannique, avec sans doute ketchup et tranches de pain Weston ou POM. Mais celui-ci, manifestement, ne semblait certainement pas avoir déjà mangé un tel assemblage culinaire, à première vue hétéroclite, s’il faut en croire son regard interrogateur, je m’en souviens parfaitement, au moment où lui fut présenté son repas du soir. Je ne saurais dire s’il a apprécié, mais chose certaine, il venait de découvrir, ce jour-là d’octobre 1970, ce que les Québécois d’origine modeste mangeaient fréquemment, faute de filet mignon, de foie gras ou de homard. »

Et monsieur Lanctôt de rajouter un peu plus loin:

« Malheureusement, les médias n’avaient pas été invités pour filmer l’événement, on comprendra pourquoi. Je rigole, mais… « 

Je rigole et bien quel drôle d’anecdote, faut bien en rire aujourd’hui, ce n’est pas à tous les jours qu’on peut se vanter d’enlever un représentant commercial britannique, de le séquestrer pendant près de deux mois, de lui faire donner la frousse de sa vie et en plus de lui faire bouffer de la bonne bouffe de prolétaire, un bon pâté chinois.  Non mais qu’est-ce qu’on rigole.  Durant l’entrevue à l’émission de Christiane Charette, alors que monsieur Lanctôt revient sur ce souper servi à monsieur Cross, Nathalie Petrowski s’esclaffant de rire lui dit:   » C’est dommage que le Pied de Cochon n’existait pas vous auriez pu lui donner une poutine au foie gras « . 

Heureusement que Josée Legault et Christine St-Pierre ont remis les choses en place et ont calmé les ardeurs de madame Charette et Petrowski.  Tiens tandis que j’y pense, le FLQ était un mouvement marxiste.  Les FARC aussi. 

Voici en terminant quelques vidéos sur la crise d’octobre, question de nous rafraîchir la mémoire et pour nous montrer ce que le terrorisme peut engendrer.

Vidéo sur l’enlèvement de James Richard Cross:

Vidéo sur la mort du ministre Pierre Laporte:

Quelques pubs sur la violence conjugale


Il y a une pub qui passe présentement à la télé et dans les salles de cinéma québécoises, une publicité choc, une publicité montrant un homme, prenant le visage de sa femme entre ses mains, une femme complètement terrorisée, paralysée par la peur, la peur d’un homme qui lui demande de lui répondre quand il lui parle, qui la bouscule, qui arrive tout près de la frapper, qui la projète par terre et qui lorsqu’il lui demande de se relever voit apparaître un policier.  Autrefois, nul autre que la femme n’aurait pu porter plainte pour violence conjugale, maintenant, les policiers peuvent porter plainte contre l’agresseur à la place de la victime.  Cette publicité m’a donné l’idée de vous présenter quelques publicités sociétales sur la violence conjugale, des pubs de différents pays francophones et de différentes époques, des pubs coups de poings.  Malheureusement je n’en ai pas trouvé où l’agresseur est une femme et la victime un homme, ce qui ne veut pas dire que le phénomène n’existe pas, je dirais même qu’il semble être en pleine expansion. 

Première publicité: slogan: La violence conjugale est un crime. (publicité diffusée en 2007 par le gouvernement du Québec), d’une durée de 29 secondes:

Deuxième publicité: Publicité réalisée en 1988 au Québec par le défunt cinéaste Jean-Claude Lauzon et mettant en scène Louison Danis (Maman Bougon). Durée (1:28):

Troisième publicité:  Campagne de la Fédération Nationale Solidarité Femme, publicité possiblement diffusée en 2006 en France.  Le message est le suivant: Un homme qui maltraite sa femme apprend la violence à ses enfants.  On peut y voir en effet un jeune garçon, regardant son père battre sa femme, venir près d’elle, alors que sa mère est étendu par terre, pour venir lui donner un coup de pied dans les côtes. Durée (0:45):

Quatrième publicité:  Publicité pour le lancement du nouveau service, le 3919, service téléphonique venant en aide aux victimes de violences conjugales en France, en 2007.  Le message est le suivant: Parlez-en avant de ne plus pouvoir le faire.  Si la victime ne réagit pas, qu’elle ne téléphone pas, qu’elle ne va pas chercher de l’aide, l’issue final c’est la mort.  Durée (0:23):

Cinquième publicité:  Cette fois-ci une publicité d’Amnesty International, division Belgique, possiblement diffusée en 2007, où l’on montre un jeune couple vivant paisiblement alors qu’une femme est en train de se faire battre de l’autre côté de la rue, dans un appartement.  L’homme, assis confortablement sur le divan, pitonnant sur son portable, entend les cris mais n’agit pas, n’intervient pas, se lève et va fermer la fenêtre pour ne plus entendre ces cris insupportables.  Durée (0:30):

Cette dernière publicité ressemble étrangement dans son approche à une publicité américaine où l’on voit un homme et une femme, dans leur lit, l’homme lit une revue, alors que sa femme écoute attentivement la dispute féroce qui éclate chez ses voisins du haut, ne pas réagir face à la violence, l’homme étire sa main au-dessus de sa table de chevet et au lieu de prendre le téléphone, il éteint la lampe. 

Dans la publicité belge, il s’agissait de ne plus entendre, de se boucher les oreilles, dans la publicité américaine c’est le refus de voir, on préfère la noirceur à la lumière.  J’aurai l’occasion de revenir prochainement sur les publicités américaines portant sur ce phénomène de société.